Mistral perdant
Le 18 janvier 2021
Après La Rafle, le nouveau film de Roselyne Bosch, comédie familiale dénuée d’âme, est, plus qu’une déception, une cruelle désillusion.
- Réalisateur : Roselyne Bosch
- Acteurs : Jean Reno, Aure Atika, Hugo Dessioux, Anna Galiena, Chloé Jouannet
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 13 juin 2021 20:50
- Chaîne : Ciné+ Famiz
- Date de sortie : 2 avril 2014
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Résumé : Léa, Adrien, et leur petit frère Théo, sourd de naissance, partent en vacances en Provence chez leur grand-père, Paul « Oliveron », qu’ils n’ont jamais rencontré à cause d’une brouille familiale. Ce ne sont pas les vacances dont ils rêvaient, surtout que leur père a annoncé la veille qu’il quittait la maison. En moins de 24 heures, c’est le clash des générations, entre les ados et un grand-père qu’ils croient psychorigide. A tort. Car le passé turbulent de Paul va ressurgir et les Seventies vont débarquer au fin fond des Alpilles. Pendant cet été tourmenté, les deux générations vont être transformées l’une par l’autre.
Critique : Après le succès populaire et critique de La Rafle, très belle évocation toute en sensibilité et retenue de la rafle du Vel d’Hiv, on attendait beaucoup mieux de la part de Rose Bosch. Malgré certains cadrages magnifiques du pays des oliviers et quelques moments attachants entre le grand-père et le petit-fils sourd-muet, le film pâtit d’un scénario ultra-convenu et d’un manque de rythme flagrant. Alors que tous les ingrédients étaient réunis pour en faire une jolie petite comédie intergénérationnelle sans prétention, Avis de mistral s’enfonce jusqu’au cou dans les stéréotypes et se perd dans des histoires secondaires qui sont autant de marivaudages futiles. Car si les jeux de l’amour et du hasard font d’abord sourire, ils sont si profondément ancrés dans des clichés adolescents de seconde zone qu’on a du mal à y trouver quelque intérêt, ou même quelque innocente distraction. Les situations se suivent et se ressemblent, jusqu’à un happy end couru d’avance. Manque une vraie ligne directrice claire qui permettrait au spectateur de s’impliquer davantage dans l’histoire en suivant plus particulièrement le parcours de tel ou tel personnage. La scène de générique est prometteuse, avec le petit garçon qui n’entend pas et regarde par la vitre du train, sourd à l’agitation qui l’entoure, sur le magnifique Sound of Silence de Simon & Garfunkel. Mais dès lors que la parole vient rompre le silence par l’intermédiaire des plaintes horripilantes de ses ados de frères et sœurs, le récit ne cesse de fluctuer d’un point de vue à un autre sans jamais prendre le temps de donner chair à ses personnages.
- Avis de mistral / Jean Reno
- © Gaumont Distribution
On est bien loin du désir d’incarnation d’Izïa Higelin dans Mauvaise fille, encore plus des mondes intérieurs du magnifique Le Premier jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon. Avis de mistral ressemble davantage à Fiston, le rire en moins, la lourdeur en plus. Si Kev Adams réussit plutôt bien son passage au cinéma, ce n’est malheureusement pas le cas d’Hugo Dessioux, alias Hugo tout seul, qui, comme d’autres podcasteurs avant lui, semble incapable d’utiliser son potentiel comique à l’écran. La faute sans doute à cet humour mainstream totalement inoffensif servi par des dialogues d’une médiocrité affligeante. Il faut y ajouter un jeu d’acteur qui, s’il s’améliore un peu à mesure que le film avance, respire l’amateurisme à plein nez (Chloé Jouannet, la fille d’Alexandra Lamy, ressemble vaguement à une jeune Déborah François mais ne semble pas avoir hérité du talent de sa mère). Même Jean Reno, papy poule bourru et ex-soixante-huitard gentiment alcoolo dans le film, semble à côté de ses pompes. Du coup, la chronique familiale annoncée comme tumultueuse part en eau de boudin et refuse toute profondeur dans l’étude des sentiments et de leur nature complexe. Au final, Avis de mistral, film pseudo-initiatique plombé par un discours maladroit sur la reconstruction familiale et les bienfaits du retour à la nature, ressemble plus à un guide de vacances sur la Provence qu’à une étude de mœurs qui s’avérerait crédible. Seuls points positifs, une bande-son rock bien vue qui ne cesse d’émailler le récit et la présence d’Hugues Aufray en vieux baroudeur chanteur, la gratte toujours prête à l’emploi. L’émotion, elle, est aux abonnés absents, bien enfouie quelque part dans les profondeurs de la Méditerranée. On souhaite donc à la réalisatrice de retrouver le souffle créateur qui l’animait jadis et fera de son prochain long une œuvre portée par le mistral gagnant.
- Avis de mistral : affiche officielle
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