Il y longtemps, je t’aimais
Le 27 avril 2020
L’analyse lucide et terrible d’un monde à l’agonie, dévoré par ses propres illusions et fantasmes.
- Réalisateur : Philippe Claudel
- Acteurs : Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas, Richard Berry, Leïla Bekhti, Jérôme Varanfrain
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h42mn
- Date télé : 29 avril 2021 23:30
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 27 novembre 2013
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Résumé : Paul est un neurochirurgien de soixante ans. Quand on est marié à Lucie, le bonheur ne connaît jamais d’ombre. Mais un jour, des bouquets de roses commencent à être livrés anonymement chez eux au moment même où Lou, une jeune fille de vingt ans, ne cesse de croiser le chemin de Paul. Alors commencent à tomber les masques : les uns et les autres sont-ils vraiment ce qu’ils prétendent être ? La vie de Paul et Lucie est-elle celle dont ils avaient rêvé ? Qui ment et qui est vrai ? Est-il encore temps, juste avant l’hiver de la vie, d’oser révéler les non-dits et les secrets ? Où sont les monstres et qui sont les anges ?
Critique : Avec ce troisième film en tant que réalisateur, Philippe Claudel éprouve l’étendue désertique de notre capacité à appréhender les relations humaines. Après l’excellent Il y a longtemps que je t’aime et l’incursion strasbourgeoise Tous les soleils, le scénariste et romancier met en scène le vertige que provoque l’insoutenable légèreté de l’être. La morsure du froid se révèle mortelle. Il ne s’agit pas ici de quelconques fluctuations météorologiques mais bien de l’aigreur glacée qui isole les âmes.
- Copyright UGC Distribution / Fabrizio Malteze
La première fissure dans le cercueil de verre où vivent Paul et Lucie prend la forme de la reine de fleurs : la rose. Chaque pétale qui effleure ce mausolée de cristal est une lézarde dans un amour conventionnel et sans chaleur. Alors que des dizaines de bouquets sont livrés anonymement au domicile conjugal, le mari se prend à fantasmer une autre vie tandis que son épouse s’enlise dans la terre meuble d’un jardin à l’immensité morbide. Excités par ce remue-ménage, les secrets de famille se fraient peu à peu un chemin sinueux vers la surface tandis que le couple détourne le regard avec dégoût.
Avec la minutie chirurgicale de son personnage principal, Philippe Claudel se livre une nouvelle fois à l’exercice d’équilibriste qu’est l’étude de mœurs. Attelé à la dissection de l’existence bourgeoise et de ses corollaires putréfiées, le cinéaste injecte cette fois-ci une pointe de mystère à son œuvre. L’analyse sociologique tend presque à se confondre avec une intrigue parfois sordide. Même lorsque le soleil est à son zénith, il peine à échauffer les passions des personnages qui ne dévoilent leurs mystères qu’à leur corps défendant.
- Copyright UGC Distribution / Fabrizio Malteze
La composition rigoriste des cadres conjuguée au travail mathématique des couleurs compose une atmosphère ténébreuse où la froideur hivernale s’annonce avec la même indolence que celle dont les Parques faisaient preuve. La représentation de l’immuabilité entre la vie et la mort, exposée sans artifices, saisit le spectateur d’une terreur innommable. A quoi bon vivre puisque nous ne le pouvons pas ?
La talentueuse Kristin Scott Thomas incarne avec maestria cette mater dolorosa qui a abdiqué tout contrôle aux hommes de sa vie. Spectre esseulé, elle ère d’une âme à l’autre dans le but un peu vain de maintenir un simulacre de bonheur. Sans la tendresse de Philippe Claudel, on sortirait de la salle rompu, mais la douce indulgence du cinéaste concourt à une remise en question congrue et fondamentale.
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