Le 8 octobre 2013
Concernée à défaut d’être brillante, l’adaptation de Faulkner par le polyvalent James Franco prend une forme savoureuse une fois extraite de son pétrin arty. Eloge de la bonne volonté.
- Réalisateur : James Franco
- Acteurs : James Franco, Danny McBride, Logan Marshall-Green
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h50mn
- Titre original : As I Lay Dying
- Date de sortie : 9 octobre 2013
- Festival : Festival de Cannes 2013
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Concernée à défaut d’être brillante, l’adaptation de Faulkner par le polyvalent James Franco prend une forme savoureuse une fois extraite de son pétrin arty. Eloge de la bonne volonté.
L’argument : Après le décès d’Addie Bundren, son mari et ses cinq enfants entament un long périple à travers le Mississippi pour accompagner la dépouille jusqu’à sa dernière demeure.
Anse, le père, et leurs enfants Cash, Darl, Jewel, Dewey Dell et le plus jeune, Vardaman, quittent leur ferme sur une charrette où ils ont placé le cercueil. Chacun d’eux, profondément affecté, vit la mort d’Addie à sa façon. Leur voyage jusqu’à Jefferson, la ville natale de la défunte, sera rempli d’épreuves, imposées par la nature ou le destin. Mais pour ce qu’il reste de cette famille, rien ne sera plus dangereux que les tourments et les blessures secrètes que chacun porte au plus profond de lui…
Notre avis : Embusqué derrière une barricade livresque à l’épreuve des ricanements de Pivot, et soutenu par le Whisky qu’il éponge goulument en feignant de laper une verveine, Vladimir Nabokov envoie au cours d’un Apostrophes de 1975, à propos de Faulkner, la douce cartouche suivante : « Je ne supporte pas la littérature régionale, le folklore artificiel ». Une grasseyante mesquinerie qui franchit les âges et les portes des cinémas, lorsque plongé dans les premières séquences du film de Franco, pleines d’innommables chicots, de salopettes grandes tailles, d’artisanat vintage et de forêts primitives, on s’aperçoit qu’il n’y a peut-être rien de plus détestable qu’un américain vautré dans sa propre mythologie, et protégé des railleries par le halo de gloire démago-intouchable qui nimbe invariablement le nom de l’archétype du grand romancier yankee. Très vite, le spectre de Daniel Auteuil salissant Pagnol plane sur cette œuvre qui, avec l’accent, cherche à sonder l’âme étonnamment vaste des culs-terreux.
Manifestement fauché, encombré par un split-screen poseur et particulièrement vain au premier abord, les balbutiements de ce As I Lay Dying nous font donc frissonner d’effroi, avant que le film ne sorte miraculeusement la tête de son Mississippi personnel en développant un propos qui, bien qu’infecté par d’agaçants discours face caméra censés extraire les personnages du récit pour mieux prendre la voix de Faulkner, parvient en quelques séquences (les regards lourds de sens et de non-dit qui justifient enfin l’écran scindé, l’accident de carriole, les plans de la famille consubstantielle ramassée sur ce même chariot) à faire de ce métrage bon élève quelque chose de tout à fait comestible, et parfois même d’inspiré lorsqu’il évite l’écueil de la poésie aride pour se concentrer sur un voyage initiatique bien rythmé dans sa deuxième moitié. A mesure que le périple - valse morbide des êtres putrescibles - délivre ses obstacles, que le deuil maternel pousse la tectonique des plaques familiales à faire sa grande œuvre séparatrice, et qu’un Franco amoureux de son sujet parvient à sortir l’œuvre de sa bibliothèque pour déployer son psychodrame taiseux à l’écran, As I Lay Dying échappe à la récitation et finit par ressembler à un véritable objet de cinéma. Il reste bien sûr quelques gros plans végétaux et généralement ineptes sur une nature qui ne veut évidemment pas demeurer un simple décor (Malick fait ça très bien, laissez le tranquille), mais sachez qu’en présence de ce film, on passe globalement du préjugé consolidé à la bonne surprise, et ils sont peu à savoir le faire.
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