Le 7 août 2022
Un brillant exercice de style et un film plutôt vain. Truffaut décalque Hitchcock à travers un long métrage admiratif.


- Réalisateur : François Truffaut
- Acteurs : Michel Bouquet, Claude Rich, Jean-Claude Brialy, Jeanne Moreau, Michael Lonsdale, Charles Denner, Alexandra Stewart, Daniel Boulanger, Luce Fabiole
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Français, Italien
- Distributeur : Carlotta Films, Les Artistes Associés
- Editeur vidéo : MGM/United Artists
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 11 avril 2022 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 3 août 2022
- Date de sortie : 17 avril 1968
- Plus d'informations : Histoire du Polar au cinéma

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– Sortie en version restaurée : 3 août 2022
Critique : L’hommage d’un élève à son maître. Ou un brillant exercice de style, qu’on peut apprécier, tout en soulignant sa vanité, dans tous les sens du terme. Adapté du premier polar de William Irish, publié en 1940, La mariée était en noir a été tourné au moment où Truffaut travaillait sur son célèbre ouvrage d’entretiens avec Alfred Hitchcock.
- © Carlotta Films
Le long métrage porte l’empreinte du réalisateur anglais, à travers de multiples références : on mentionnera Sueurs froides, lorsque le personnage joué par Claude Rich est assailli par le vertige, on évoquera Psychose à travers le grand couteau de cuisine que tient Julie Kohler, on parlera de ces travellings latéraux qui serpentent, comme dans cette scène où l’infatué Clément Morane, grisé par sa logorrhée, est abandonné dans un hors champ insignifiant par une caméra fureteuse, qui suit, selon une logique proleptique, le fil rompu du téléphone. On signalera enfin que la musique est signée Bernard Herrmann, le compositeur attitré de Hitchcock pendant une dizaine d’années.
- © Carlotta Films
Constamment filmé comme un ange exterminateur, le personnage joué par Jeanne Moreau ne se départit jamais de sa froideur marmoréenne : on n’oublie pas de sitôt son apparition fantomatique au cours d’un buffet, où se noue le premier acte d’une vengeance en plusieurs étapes. Mais on regrette qu’assez rapidement l’énigme soit résolue par un flashback explicatif, alors que dans le livre, le mobile de tous ces crimes n’était révélé qu’à la fin. Cela dit, on regarde sans se lasser le parcours de cette héroïne tragique par excellence, résolue à éliminer les hommes qui ont gâché sa vie, selon un mode opératoire assorti à la psychologie de chacun.
Décalque brillant d’un cinéaste admiré, La mariée était en noir est assurément une curiosité dans la filmographie de son auteur. Tous les comédiens sont excellents, de Michel Bouquet à Michael Lonsdale, en passant par Claude Rich, Jean-Claude Brialy ou Charles Denner, dans un rôle mémorable d’artiste "coureur". Truffaut s’en souviendra lorsqu’il construira le protagoniste de L’homme qui aimait les femmes, en 1977.
Kate Bush rendit hommage au film à travers sa chanson "The Wedding List", sur son excellent album sorti en 1980, "Never For Ever".
- © Carlotta Films