Biscuit for breakfast

Après un premier opus électro, Fink nous livre un album folk blues charmeur, léger, à écouter au coin d’un feu crépitant, ou sur les bords d’une mer aux vaguelettes harmonieuses, ou dans un bar enfumé... bref un disque à écouter.

Biscuit for breakfast est un bel album. Surprenant pour le label Ninja Tune, parce que résolument folk blues, même si des touches électro dans les arrangements viennent rappeler que Fink sait utiliser les machines. La guitare et le bottleneck sont à l’honneur, que se soit dans All cried out, Pills in my pockets ou Pretty little thing. Les additions de percussions, instrumentales ou vocales, les nappes d’orgues et autres petites trouvailles sont soigneusement disséminées pour rendre une atmosphère acoustique légère et mélancolique. Fink a trouvé le point d’équilibre entre trip-hop et blues (à la différence d’un Moby qui n’a jamais su - voulu ? - respecter l’esprit du second), un pont entre deux styles musicaux partagés par un siècle d’histoire.
Si ce rendu doit beaucoup à une rythmique lourde de mélancolie, voisine de morceaux de John Lee Hooker ou Memphis Slim comme sur Hush now ou aux longues plaintes des glissées chaudes sur les cordes, il provient aussi et surtout du chant. Long et traînant, légèrement pincé du nez à la Ben Harper sur l’ensemble de l’album, la voix prend une teinte délicieusement féminine avec la participation de Tina Grace [1] sur le titre Hush now. Et ponctuellement interviennent des chœurs dignes des premiers enregistrements de bluesmen. Mais ne nous y trompons pas, si l’influence essentielle vient de là ("elle vient du blues", comme dit notre ami Jean-Philippe), l’album s’épanouit dans le mélange des sphères. La réverbe, la basse qui sur So long rappelle l’univers de Melody Nelson de Gainsbourg, les notes d’orgues lâchées du bout du doigt font de ce biscuit un délicieux petit déjeuner.

(Fink sera en concert au Nouveau Casino le 26 avril 2006.)