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Le 29 novembre 2005
Un film brûlant sur le sexe et le désir avec de vrais morceaux de comédie musicale. Qu’en dit son auteur ?
- Réalisateur : Tsai Ming-liang
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Après les admirables Et là-bas quelle heure est-il ? et Goodbye Dragon Inn, Tsai Ming-liang revient avec La saveur de la pastèque, un film brûlant sur le sexe et le désir avec de vrais morceaux de comédie musicale dedans. L’un des événements cinéma de cette fin d’année 2005.
Comment doit-on interpréter la scène finale ?
Pour moi, cette scène est avant tout symbolique. Elle peut paraître dérangeante au premier abord mais c’est avant tout une manière de dire que si on accepte ce métier, alors une partie de vous-même est morte. En tant que spectateur, quand on regarde un film X, on peut se considérer comme mort. Le débat a été soulevé à Taiwan à cause de cette séquence qui a fait grincer des dents. La vraie question est ailleurs, notamment dans le fait de savoir pourquoi on consomme des images du corps comme du papier toilette.
Quelles ont été les réactions du milieu ?
Le film a été montré en avant première au Japon et parmi les gens dans la salle, plus de la moitié étaient issus du milieu pornographique. J’ai pris ça comme une gageure de montrer ça à des professionnels. A la fin de la séance, une fille s’est levée. C’était une attachée de presse qui travaillait dans le milieu porno. Clairement, elle disait qu’elle avait impeccablement ressenti cette solitude par rapport au métier qui naît du regard des autres.
Le film transgresse pas mal de tabous en terme de sexualité.
De nos jours, on ne veut pas montrer aux enfants des images qui pourraient nuire à leur éducation. Ce sont généralement des adultes qui sont là à dire que ça peut nuire aux enfants et qu’il ne faut pas qu’on en parle pas ouvertement. C’est peut-être pour cette raison que le sexe devient finalement un produit que l’on exploite. Ce qui est interdit suscite l’envie d’en savoir davantage. Du coup, on en fait un produit. Le sexe est consommable partout aujourd’hui sous diverses formes. Je trouve ça un peu hypocrite. Aujourd’hui, le film est confronté à divers problèmes de censure. On a des problèmes au niveau des affiches. En fait, l’affiche internationale a été interdite. Le film a été interdit à Singapour. Et à Taiwan, il y a eu un grand bordel médiatique sous prétexte que les journalistes pensaient que ce serait un porno. Je vous pose la question : est-ce que vous avez des larmes quand vous regardez ces films ?
Propos recueillis à Paris, le 15 novembre 2005
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