Corons
Le 30 juin 2011
Un chef d’oeuvre de 1913 qui continue de provoquer un choc esthétique et émotionnel. Sylvie y est bouleversante.
- Réalisateur : Albert Capellani
- Acteurs : Sylvie, Henry Krauss, Paul Escoffier, Mevisto, Jean Jacquinet , Jeanne Cheirel, Dharsay
- Genre : Drame, Politique, Film muet
- Nationalité : Français
- Durée : 2h30mn
- Date de sortie : 3 octobre 1913
- Plus d'informations : http://filmographie.fondation-jerom...
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Un chef d’oeuvre de 1913 qui continue de provoquer un choc esthétique et émotionnel. Sylvie y est bouleversante.
L’argument : Le mécanicien Etienne Lantier, d’un tempérament emporté et généreux, est renvoyé de son usine après une altercation avec un contremaître. Sans gîte et sans travail il arrive à Montsou où il s’installe chez la famille Maheu et parvient à se faire engager comme porion dans les mines de charbon. Une amitié amoureuse le lie bientôt à Catherine Maheu, qui travaille dans la même équipe que lui et qu’il avait d’abord prise pour un garçon. Mais celle-ci est déjà fiancée à Chaval et n’ose pas rompre son engagement.
L’ingénieur Négrel ayant constaté que certains boisages étaient défectueux, le directeur, M. Hennebeau, décide de baisser de dix centimes le prix de la berline. Conduits par Lantier, et contre l’avis de l’anarchiste Souvarine, partisan d’une action violente, les mineurs tentent de faire revenir Hennebeau sur sa décision mais, celui-ci se montrant intraitable, ils décident de se mettre en grève.
Notre avis : Présenté en grande pompe le 3 octobre 1913 à l’Omnia Pathé lors de la séance d’inauguration de la saison 1913-1914, Germinal occupe une place de choix dans la prestigieuse série d’adaptations littéraires qu’Albert Capellani réalisa pour la firme du Coq et qui s’achèvera, à la veille de la déclaration de guerre, avec le Quatre-vingt treize hugolien.
- Germinal (1913)
Publié en 1885, le roman de Zola n’était pas encore un classique figurant dans les programmes scolaires et le choix d’adapter, cinq ans après L’assommoir, avec les moyens d’une très grosse production, un ouvrage aussi engagé et considéré par beaucoup comme scandaleux peut surprendre.
La surprise est encore plus grande à la vision du film achevé. Certes on a pris quelques précautions : deux ou trois cartons d’intertitres s’efforcent d’atténuer un peu la charge subversive du roman en prônant la réconciliation du capital et du travail et quelques aménagements de l’intrigue visent à gommer le thème de la lutte des classes au profit de l’exaltation des grands sentiments nobles (la fille du directeur mourant sous les balles de la police en tentant de s’interposer lorsque celle-ci charge les grévistes).
- Germinal (1913)
Mais ces concessions ne pèsent pas bien lourd face au souci d’exactitude documentaire qui frappe dès les toutes premières images montrant Lantier aux manettes d’une machine dans une usine qui n’est certainement pas de carton pâte. Car si les décors de l’intérieur de la mine sont soigneusement reconstitués en studio, la plus grande partie du film a été tournée sur place, dans les rues des villes minières et dans les paysages industriels du Nord. Les figurants sont des vrais mineurs et Capellani n’hésite pas à mêler ses acteurs aux badauds d’une ducasse sans que ces plans pris sur le vif jurent avec les autres.
- Germinal (1913)
Venus du théâtre, les interprètes des rôles principaux sont tenus à une sobriété et à une précision des gestes qui écarte l’emphase. Dharsay (Souvarine taciturne) ou Jeanne Cheirel (la Maheude) sont impressionnants de présence, tout comme Henry Krauss, le Jean Valjean des Misérables qui, à priori trop mûr pour incarner Lantier, est encore une fois un bloc d’énergie près d’exploser à tout moment. Mais c’est surtout l’immense Sylvie, la future Vieille dame indigne (1964), qui stupéfie par la spontanéité et l’imprévisibilité de son jeu. Echappant à toutes les attitudes dramatiques convenues, elle rend inoubliable et bouleversant le magnifique personnage de Catherine sans jamais recourir à la rhétorique de l’émotion.
La mise en scène de Capellani stupéfie elle aussi par la prodigieuse respiration des plans et son sens infaillible du cadrage, faisant toujours sentir la présence de l’espace autour des personnages. Elle réussit à donner une impression de monumentalité sans que jamais l’image se fige.
Bien sûr, Germinal est aussi un inestimable document historique, mais le choc esthétique et émotionnel que provoque chaque nouvelle vision de ce chef d’oeuvre fait oublier très vite son âge respectable.
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