Piqûre de rappel
Le 13 juin 2024
Brandon Cronenberg signe un premier film étrange et austère, à mi-chemin entre cinéma et art contemporain, porté par la puissance géniale de son pitch. Un "fils de" à suivre !
- Réalisateur : Brandon Cronenberg
- Acteurs : Malcolm McDowell, Caleb Landry Jones, Sarah Gadon, Douglas Smith, Joe Pingue
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur
- Nationalité : Canadien
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h44mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 13 février 2013
- Plus d'informations : Le site du distributeur
- Festival : Festival de Cannes 2012
Résumé : La communion des fans avec leurs idoles ne connaît plus de limites. Syd March est employé d’une clinique spécialisée dans la vente et l’injection de virus ayant infecté des célébrités. Mais il vend aussi ces échantillons pour son propre compte, à de puissantes organisations criminelles. Sa méthode pour déjouer les contrôles de la clinique : s’injecter les virus à lui-même... Porteur de du dernier germe, mortel, ayant infecté la star Hannah Geist, Syd devient une cible pour les collectionneurs...
Critique : Propagation de germes, mélange des fluides et pulsions morbides accrues : difficile, en entrant dans l’univers d’Antiviral, de ne pas faire le lien avec Cronenberg père, dans sa première période – les vénéneux Frissons et Rage –, tant la contagion thématique paraît évidente. La relation entre Eros et Thanatos occupe le centre du récit, puisque dans ce presque futur sans éclat technologique, la passion médiatique et populaire pour les célébrités s’est fixée sur leur matière organique même : dans un rituel idolâtre et quasi-antropophage, on n’hésite plus à dévorer des reproductions carnées de leur corps – ceci est ma chair – et à se faire injecter leurs maladies – ceci est mon sang –. Ce mélange interdit de l’idole et du rite sacré provoque une dégénérescence dont les effets délétères se ressentent dans l’atmosphère même dans laquelle évoluent les personnages, un ciel bas et lourd qui pèse sur eux et les contraint à poursuivre des chemins dépourvus de sens. L’une des forces d’Antiviral est de faire ressentir de manière immédiate cette faiblesse liée à la maladie, le film abandonnant curieusement tout mécanisme de tension pour sombrer au contraire dans un rythme cotonneux, où les visions se brouillent et se répètent, avant de se défaire progressivement. Le classicisme de l’intrigue joue par là même comme élément superflu par rapport à ce parti pris radical, et les enjeux narratifs se dissolvent comme malgré eux dans l’engourdissement douloureux que Brandon Cronenberg parvient à distiller tout le long du film. Du récit ne subsiste essentiellement que son point de départ, assez malin et puissant pour continuer à alimenter notre curiosité jusqu’à son terme.
- Caleb Landry Jones
- © 2012 Rhombus Media. Tous droits réservés.
Sur le plan formel, le fils s’affranchit clairement du père. Brandon Cronenberg est moins fasciné par le grouillement organique que par la symétrie et l’épure du laboratoire. Le film emprunte ouvertement à l’art contemporain, la photographie, la vidéo, – certaines séquences rappellent la série des Cremaster de l’Anglais Matthew Barney –, et se propose lui-même comme un début d’expérimentation plastique, aux résultats plus ou moins concluants. L’efficacité d’Antiviral tient à son lien avec l’imaginaire médical, la psychose du virus, les déformations cauchemardesques que chacun a un jour imaginées en se croyant contaminé par une quelconque maladie. Les ficelles sont loin d’être subtiles, ainsi ces gros plans d’injection répétés jusqu’à la nausée, contredisant presque le caractère clinique et « sécuritaire » de l’atmosphère, et qui provoquent inévitablement une sensation de répulsion. Film de paranoïa, davantage que d’horreur, Antiviral parvient surtout à extérioriser et incarner des sensations physiques que l’on croyait confinées à l’intimité du corps. De ce personnage mutique auquel nous ne serons jamais véritablement attachés, et que nous suivons malgré nous, nous sommes contraints de partager les fièvres et les haut-le-cœur, sans pouvoir exorciser notre dégoût. Et il est difficile, une fois enfin séparés de ce corps, de pouvoir secouer immédiatement le malaise.
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Lui de Go with the Blog 14 février 2013
Antiviral - Brandon Cronenberg - critique
Brandon Cronenberg est le fils de David Cronenberg. Voilà, ça c’est dit, on peut donc tout de suite passer à autre chose.
ANTIVIRAL, premier long-métrage du canadien âgé de 27 ans, se trouve être le prolongement de BROKEN TULIPS un court-métrage réalisé en 2008 et qui amorçait les thématiques que l’on retrouve ici. ANTIVIRAL nous expose un futur plus ou moins proche, dans lequel la relation entre les fans et leurs idoles ne connaît plus de limites. Afin de se rapprocher toujours plus près de ces stars ultra médiatisées dont les moindres faits et gestes sont épiés en permanence, leurs admirateurs se rendent dans des cliniques privées spécialisées qui leurs proposent de s’injecter les virus et les infections de leurs idoles, qu’ils choisissent sur catalogue.
La suite sur notre Blog : http://gowith-theblog.com/antiviral-brandon-cronenberg/