Amores calientes
Le 16 juin 2010
La description d’un univers mental dégradant est traitée avec talent par un cinéaste qui a mérité la Caméra d’or à Cannes.
- Réalisateur : Michael Rowe
- Acteurs : Armando Hernández, Gustavo Sánchez Parra, Monica Del Carmen
- Genre : Drame
- Nationalité : Mexicain
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Editeur vidéo : BQHL
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Año bisiesto
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 16 juin 2010
- Festival : Festival de Cannes 2010
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Résumé : Laura a vingt-cinq ans. Elle est journaliste, célibataire et habite un petit appartement à Mexico. Après une longue série d’aventures sans lendemain, elle rencontre Arturo. La première fois qu’ils font l’amour, Arturo a pour Laura des gestes qui la bouleversent. Ils débutent une relation intense, passionnelle et sexuelle, où plaisir, douleur et amour se mêlent. Au fil des jours, qu’elle raye consciencieusement sur son calendrier, le passé secret de Laura refait surface, poussant Arturo à l’extrême.
Critique : Premier long métrage d’un dramaturge australien vivant au Mexique, cette perle sulfureuse, outre le fait de s’inscrire dans une mouvance récente (on songe à Bataille dans le ciel de Carlos Reygadas), révèle un auteur subtil et inspiré. Certes, le cinéma a filmé maintes fois des relations de couple crues voire sadomasochistes, de Dernier tango à Paris (Bernardo Bertolucci, 1976) à Antichrist (Lars von Trier, 2009), en passant par L’Empire des sens (Nagisa Oshima, 1976), Intimité (Patrice Chéreau, 2001), La Pianiste (Michael Haneke, 2001), sans oublier les œuvres chichiteuses de Catherine Breillat. Aussi, Année bissextile ne suscitera pas le même parfum de scandale que les films précités, et son interdiction aux moins de seize ans risque de porter à confusion : ceux qui viendraient se rincer l’œil en auront pour leurs frais, tant l’érotisme des situations est désamorcé par une ingratitude des corps et une violence glaciale mais somme toute contenue eu égard à la norme du cinéma contemporain.
- Copyright Pyramide Distribution
Le récit est d’abord celui d’une grande solitude et la banalité du quotidien de Laura ne communiquant que par téléphone et mails (sauf avec son frère et ses amants de passage), donne lieu à une radioscopie semi-burlesque, le cinéaste s’attachant à des petits riens, sans aller jusqu’à la radicalité déployée naguère par Chantal Akerman dans Jeanne Dielman (1975). Prenant ensuite une autre piste, le scénario montre l’évolution de la protagoniste, la faisant dévier, subitement, vers des fantasmes évoquant les frustrations de Belle de jour (Luis Buñuel, 1966).
- Copyright Pyramide Distribution
Conjuguant linéarité, minimalisme de la narration et épure des plans, Michael Rowe se refuse à tout psychologisme, encore que le dénouement (que l’on se gardera de dévoiler), met un peu trop les points sur les i, dissipant un brin le mystère d’une idylle tant destructrice que salvatrice. C’est un détail, tant cet univers mental dégradant est traité avec finesse et donne envie de connaître la suite de l’œuvre d’un réalisateur qui n’a pas volé sa Caméra d’or.
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