Victoire par KO
Le 13 juin 2020
Le biopic sur la vie du légendaire Mohammed Ali... Ou quand la vie d’un athlète hors du commun donne naissance à un immense moment de cinéma.
- Réalisateur : Michael Mann
- Acteurs : Will Smith, Jamie Foxx, Jon Voight, Jeffrey Wright, Mario Van Peebles, Jada Pinkett-Smith, Ron Silver, Mykelti Williamson
- Genre : Drame, Biopic, Film de sport
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h38mn
- Date télé : 4 août 2024 21:05
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 27 février 2002
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Résumé : En faisant preuve de détermination, d’endurance physique, d’agressivité et d’intelligence, Muhammad Ali est devenu une légende vivante de la boxe américaine. Belinda, son épouse, Angelo Dundee, son entraîneur, Drew Brown, son conseiller, Howard Bingham, son photographe et biographe, et Ferdie Pacheco, son docteur, ont été les témoins privilégiés de sa carrière à la fois brillante et mouvementée que ce soit sur ou en dehors du ring. L’ascension de Cassius Clay Jr. parmi les grands de la boxe débute en 1960, année durant laquelle il remporte une médaille d’or aux Jeux Olympiques. Débordant d’ambition, il passe professionnel et vise le titre mondial. Ses chances de gagner contre Sonny Liston, le tenant du titre, sont toutefois maigres. En effet, ce dernier n’a jamais perdu un combat.
Biopic documenté, long métrage à la reconstitution minutieuse, œuvre militante sur les travers de l’histoire américaine, mais surtout, terrain d’expérimentation des évolutions du langage cinématographique de Michael Mann : petit flashback sur le colossal film du début des années 2000.
- © Bac Films
Critique : Will Smith et Muhammed Ali en personne ont préféré confier la réalisation de ce long métrage dédié au célèbre boxeur à Michael Mann plutôt qu’à Spike Lee. Dès la pré-production, les ambitions du réalisateur sont claires et sans concession lorsqu’il annonce qu’"Ali savait qu’il faudrait montrer ses échecs conjugaux, le prix de son dévouement à la Nation de l’Islam, de sa naïveté, du temps qu’il a mis à comprendre que sa fortune était dilapidée par Herbert, le fils d’Elijah Muhammad." Tout est mis en place pour éviter ce que l’équipe nomme "le sentimentalisme larmoyant". Mais au-delà des questions essentielles sur la vie du sportif, le film va brillamment brasser une multitude de problématiques qui jalonnent l’œuvre de Mann avec cohérence : l’histoire de l’Amérique, à l’époque outrageusement va-t-en guerre, à laquelle s’ajoute cette fois les démons ségrégationnistes des années transitoires. Embrassant ses problématiques les unes après les autres avec harmonie et un métissage symbolisant le fond du propos, le long métrage prolonge l’obsession de son auteur sur la condition humaine.
- © Bac Films
On sait qu’Ali s’est forgé son image, d’homme et de sportif, en se tournant intégralement vers son public... Un thème et un sujet en or pour le prophète de la transmutation métafilmique au cinéma, celle-ci étant ici induite par l’arrivée des nouvelles technologies. Michael Mann profite ainsi de cette réalisation pour adopter partiellement la captation numérique, et faire de sa caméra le vecteur d’une cohérence du propos remarquable. Dès les premières minutes, modèle du genre en terme de montage et d’exposition, les jalons subversifs sont posés pour dénoncer l’impérialisme culturel calomnié, entre autre, par les progressistes de l’époque tels que Herbert Marcuse.
- © Bac Films
La plus belle des façons d’appréhender Ali est de se focaliser sur l’utilisation des caméras numériques et leurs multiples beautés, des beautés résumant l’essence onirique du cinéma de Mann dans son ensemble. Durant les 2h38, le fond n’est jamais à dissocier de la forme et l’omniscience des appareils de captation sert autant l’esthétisme que les préoccupations idéologiques. Par exemple, les scènes de joggings nocturnes ne se concentrent pas tour à tour sur un sportif s’entraînant, puis sur une intervention policière, mais sur l’appréhension globale d’une existence communautaire en plein bouleversement. Cette omniscience de l’auteur dans la conduction de son œuvre, passe par l’ouverture de la profondeur de champ grâce à un procédé cinématographique émergeant (le numérique). Lire Marc Ferro pensant que "le cinéaste utilise son coup d’œil et son art pour regarder autour de lui, et discerner ce que les hommes politiques et les églises qui régissent la société ne veulent pas savoir", n’est probablement pas nécessaire à l’appréciation de Ali ! Mais se laisser toucher par ses multiples sens de lecture ne fera que renforcer ses foudroyantes beautés. Un grand film !
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