Le 8 octobre 2015
Scénarisé par Julien Lilti, coauteur du film Hippocrate, qui nous avait séduits en automne dernier, Adama, réalisé par Simon Rouby, semblait naître sous de bons auspices...
- Réalisateur : Simon Rouby
- Acteur : Azize Diabate Abdoulaye
- Genre : Animation
- Nationalité : Français
- Durée : 1h22mn
- Date de sortie : 21 octobre 2015
L'a vu
Veut le voir
Scénarisé par Julien Lilti, coauteur du film Hippocrate, qui nous avait séduits en automne dernier, Adama, réalisé par Simon Rouby, semblait naître sous de bons auspices. Malgré l’audace du métissage des techniques d’animation, plus ou moins heureux, le film déçoit par le manque de caractérisation de son personnage principal et par un récit trop lisse. Sélection officielle du festival d’Annecy 2015.
L’argument : Adama, 12 ans, vit dans un village isolé d’Afrique de l’Ouest. Au-delà des falaises, s’étend le Monde des Souffles. Là où règnent les Nassaras. Une nuit, Samba, son frère aîné, disparaît. Adama, bravant l’interdit des anciens, décide de partir à sa recherche. Il entame, avec la détermination sans faille d’un enfant devenant homme, une quête qui va le mener au-delà des mers, au Nord, jusqu’aux lignes de front de la Première Guerre mondiale. Nous sommes en 1916. © Océan Films
Notre avis : Premier long-métrage de Simon Rouby, Adama marque d’emblée sa différence par son parti pris graphique, mêlant plusieurs techniques d’animation. Les personnages, dont les visages ont été créés à partir de sculptures d’argiles numérisées par un scanner 3D, évoluent ainsi dans des paysages reprenant pour la plupart les outils traditionnels de la 2D. Si l’on reconnaît volontiers le caractère innovant de ces travaux et le soin apporté aux détails, le résultat offre un visuel inattendu qui nous laisse plutôt dubitatifs. Les personnages, aussi réussis soient-ils image par image, s’animent par des mouvements étrangement saccadés en rupture avec des décors déployant, par ailleurs, une palette conséquente de couleurs utilisées intelligemment afin de créer l’atmosphère juste pour chaque scène.
© Océan Films
Le spectateur se trouve face à un ensemble de personnages à la qualité plutôt hétérogène et qui peine à convaincre, que ce soit au niveau de leur écriture ou de leur animation. Adama, personnage principal auquel il aurait été pourtant facile de s’attacher et de s’identifier, déconcerte par son manque de profondeur et son caractère pour le moins monocorde. Ayant pour unique but de sauver son frère afin de le ramener au pays coûte que coûte, Adama est un garçon entêté, un peu naïf et éprouvant de temps à autres un brin de nostalgie, dont la caractérisation s’arrête malheureusement là. Imperméable à son entourage et aux différents lieux qu’il traverse, le garçon évolue dans une bulle protectrice qui le rend certes inconscient des dangers, et donc capable de poursuivre obstinément sa quête, mais aussi incapable d’apprendre et d’échanger. Même les personnages de Djo et Abdou, adjuvants et initiateurs d’Adama, semblent s’adresser à un mur. Ces deux figures protectrices opposées mais complémentaires – le premier pouvant être assimilé à la force tranquille de la terre, enraciné dans le monde réel ; le second tirant son dynamisme de la magie et de la spiritualité – sont à l’origine des scènes les plus poétiques du film, lui insufflant une certaine vitalité.
© Océan Films
A côté d’eux, Adama apparaît finalement comme un personnage sans relief qui n’aura été créé que pour servir de prétexte à amener le spectateur sur le front de Verdun. On l’aura compris, Adama n’est rien sans son frère Samba, le « possédé » qui aura préféré aux rituels d’initiation de son village d’autres rites d’initiation dans les tranchées septentrionales, mais qui semble tout de même animé par des motivations plus solides. Samba pourrait bien être, accidentellement, le véritable protagoniste du récit. Celui-ci, des plus conventionnels, pâtit précisément de la monotonie d’Adama et échoue à présenter un cheminement initiatique concluant.
© Océan Films
La tendance à l’universalisme représente un autre point faible du long-métrage. Sans avoir été établis dans un quelconque contexte, les événements s’enchaînent à l’écran totalement détachés de toute réalité et atteignent une abstraction telle que le contenu du film perd de sa substance. Ode à la fraternité, éloge au courage et à la résistance face à l’adversité, bannière pacifiste, revalorisation des traditions, promotion du multiculturalisme : Adama veut abolir les frontières et être sur tous les fronts, au risque de perdre de son identité et de sa force. Le long-métrage, qui se présente comme un conte moderne, ne fait cependant qu’effleurer la dimension allégorique du merveilleux susceptible de captiver les spectateurs. Là encore, Adama tombe dans un entre-deux dommageable, en dépit des idées judicieuses et des intentions louables à l’origine du projet.
© Océan Films
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.