Live show
Le 23 septembre 2014
Jack Bauer sort de sa tanière après quatre années d’absence. L’agent antiterroriste le plus célèbre de la télé américaine est-il toujours le plus efficace ?
- Acteurs : Kiefer Sutherland, William Devane, Yvonne Strahovski
- Genre : Drame, Action, Thriller, Série télé
- Nationalité : Américain
- : Twentieth Century Fox Home Entertainment
- Durée : 46 min (par épisode)
- Titre original : 24 : Live Another Day
L'a vu
Veut la voir
Une nouvelle saison grisante qui sait, contrairement à ce qu’ont pu scander certaines critiques, éviter le piège de la redite exhaustive tout en préservant les fans de la première heure.
L’argument : Jack, qui vit comme un fugitif depuis quatre ans, est prêt à risquer sa liberté pour éviter une nouvelle catastrophe mondiale. Traqué par la CIA, considéré comme un traître à la Nation et un dangereux psychopathe, Jack doit déjouer un attentat visant le président des Etats-Unis, James Heller. L’homme le plus puissant du monde est en visite à Londres. Une nouvelle course contre la montre s’engage pour Bauer.
Notre avis : La série 24 Heures Chrono fut jalonnée d’évolutions éthiques significatives au gré du didactisme imposé par quelques costards-cravates signant les chèques, à l’affut de toute opportunité déontologique synonyme de succès. La quatrième saison fut d’ailleurs taxée de racisme et d’outil propagandiste ! Heureusement, depuis la monumentale cinquième saison, les créateurs n’ont plus peur de pointer du doigt l’actuelle politique américaine et ses travers divers et variés. Mieux, ils n’hésitent pas à suggérer quelques manœuvres gouvernementales ayant trait à l’histoire récente du pays. Comme le rappelait l’Express, c’est finalement la "proximité entre le pouvoir et les milieux économiques" qui préoccupe les équipes de cette série à la représentation visuelle très contemporaine. Les scénaristes, ré-enorgueillis par la célèbre grève de la profession ayant touché de plein fouet la saison sept, vont jusqu’à l’étalage d’idées progressistes en vogue : leur création étant de celles qui ont anticipé l’arrivée du premier président afro-américain, Barack Obama. Au-delà de ces considérations contextuelles, 24 c’est aussi et surtout un procédé de mise en scène puissant, véritable notion de développement. Comme en réponse aux shows de téléréalité sévissant depuis le début des années 2000, l’ouvrage de Joel Surnow et Robert Cochran, initialement épaulés par le faiseur (mais non moins doué utilisateur des judicieux split screen) Stephen Predator 2 Hopkins, propose un développement de l’action en temps réel. L’audace des créateurs repose donc sur cette mise en place d’une problématique interrogeant la perception du temps, et accouchant au passage d’une réflexion sur la conception même du suspense. Cette excursion, vue au cinéma du début de la décennie dans Time code, de Mike Figgis, remémore un Big Brother au combien actuel après un certain 11 septembre. Pour rappel, ce dernier coïncide quasiment avec les dates de production des premiers épisodes, le tournage ayant débuté peu de temps avant les événements du World Trade Center. Le visuel de la série sera depuis marqué de ce souvenir funeste, et on évoquera même des "passerelles" avec le néoréalisme cinématographique actuel. Aujourd’hui, 24 revient avec une saison amputée de moitié : Live Another Day. La production remplira-t-elle ses fondamentaux, tout en se renouvelant sur une temporalité resserrée de moitié ?
Le pitch, bien que des plus simples, permet de poser directement les jalons des nouveautés. En optant pour une plongée dans le monde du piratage et de la cybercriminalité, le scénario emprunte tout un pan du dernier roman de feu Tom Clancy, Cybermenace. L’idée qu’un drone puisse être piraté et tomber entre les mains de terroristes est aussi bien présente dans le roman, que dans les nouvelles péripéties de Jack Bauer. La description des pilotes de ces machines de guerre, cachés derrière un écran vidéo, est quasiment identique dans les deux aventures. Doit-on y voir du plagiat ? Il est plus approprié d’y déceler un lien intertextuel. Les propos D’Arnaud Coustillière, Officier général à la Cyberdéfense française évoque le livre de Clancy en mettant en avant son excellence parce qu’il y a "tout… la notion d’hygiène informatique, les procédés de travail, la mixité des acteurs, etc. Les scénarios qu’il décrit sont plus crédibles qu’une grande attaque unique". Ces propos explicitent parfaitement la justification d’un "emprunt" au papa du Techno-thriller, qui replace la série dans son époque de création. En opposant un vestige du passé, l’agent de terrain aux procédés expéditifs Jack Bauer, aux méthodes de guerre futuristes de distanciation, Live Another Day cible une disposition similaire à celle de Kathryn Bigelow dans son superbe Zero Dark Thirty. La force des ces créations, comme le rappelle Didier Péron, étant de se situer entre la "propagande va-t-en-guerre et la fable pacifiste", en tenant bien évidemment compte de la complexité afférente aux questionnements des guerres modernes et autres problèmes géopolitiques. Alors OUI, nous sommes dans un show de divertissement américanisé… mais cela ne l’empêche en rien de se vêtir d’une réflexivité bienvenue.
Mais il y a bien évidemment les plaisirs formels du show, avec ses nouveautés visuelles, dont la présence exclusive de Jeffrey C. Mygatt à la photographie. Ce dernier capte l’univers londonien avec justesse, son sens de la maculature optique seyant pleinement à l’univers dépeint. Les plans des épisodes nocturnes, chargés du bruit spécifique des caméras "Red", sont même d’une maitrise qui rappelle les épreuves de Adam Arkapaw dans sa superbe captation nocturne de l’immense série HBO : True Detective. Et puis il y a le génial twist de milieu de saison, quittant les routes de l’actualité pour se référer finalement aux grands thrillers paranoïaques, resserrant le montage et replongeant le spectateur dans un numéro assumant pleinement son statut : celui d’une série d’action et d’espionnage qui a réinventé le terme de cliffhanger télévisuel. Avec leur nouvelle saison, Surnow et Cochran se réapproprient les mérites d’un genre qu’ils ont re-popularisé il y a maintenant plus de dix ans, avec panache et savoir faire. Impossible de décrocher avant le final même si la recette est maintenant bien rodée. Du tout bon !
Les suppléments :
Comme pour la saison 8, c’est là où le bât blesse. Il faudra se contenter d’un court métrage dédié à l’agent Almeida des premières saisons : sympathique mais expédié. Un reportage sur l’actualité américaine et son inspiration auprès des scénaristes : intéressant mais survolé. Des scènes coupées : certaines à l’intérêt relatif. Et enfin un mini Making-off sur les agissements, louables, de l’équipe de production en faveur de l’environnement : passionnant mais comme pour le premier reportage, on reste en surface. Dommage, la série méritait vraiment plus d’interactivité. On s’imagine en insérant la galette dans le lecteur entrer dans la peau d’un analyste de la CTU et enquêter via des menus interactifs "high-tech"… espérons ces nouveautés pour la prochaine saison ?
L’image :
Ici également, les méthodes de la précédente aventure son prégnantes. 24 étant à présent filmé avec les caméras RED, et l’image encodée en AVC, le visuel est parfait, précis, il retranscrit avec une effarante précision le bruit originel faisant la qualité de d’un matériel aux rendus tendant à la perception de l’œil humain. Nul doute que l’édition Blu-ray sera, à ce niveau, impressionnante.
Le son :
Comme le test est réalisé via DVD, le son est en DD 5.1. Mais l’ampleur de ce dernier est largement supérieure aux précédents efforts, les effets sur les voies arrière étant enfin présents. Il faut cependant avouer que le dynamisme du Blu-ray manque cruellement.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.