Le réalisme poétique de René Clair
Le 30 novembre 2022
L’un des films les plus célèbres de René Clair, cinéaste inventif, poète de Paris. Annabella y consolida son statut de star des années 1930.
- Réalisateur : René Clair
- Acteurs : Annabella, Raymond Aimos, René Bergeron, George Rigaud, Pola Illéry, Raymond Cordy, Paul Ollivier, Thomy Bourdelle, Michel André, Gabrielle Rosny, Charles Lorrain, Palmyre Levasseur, Albert Malbert, Odette Talazac
- Genre : Romance, Noir et blanc, Comédie romantique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Tamasa Distribution , Films Sonores Tobis
- Durée : 1h37mn
- Reprise: 14 décembre 2022
- Date de sortie : 13 janvier 1933
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Résumé : Anna, fleuriste, et Jean, chauffeur de taxi, se font des serments un soir de bal du 14 juillet à Paris. Jean succombe malgré tout à l’enjôleuse Pola, qui se délaissera vite. Sans amour, Jean sombre dans la délinquance.
Critique : Considéré de son vivant comme le plus grand cinéaste français, artiste internationalement réputé ayant aussi tourné à Hollywood, René Clair est tombé progressivement dans un relatif mais injuste oubli, rarement cité dans les panthéons du septième art. Et pourtant, son œuvre regorge de trésors, à l’instar de ce Quatorze Juillet, son troisième film parlant. Comme Chaplin, dont Les temps modernes fut inspiré par À nous la liberté (1931), René Clair s’est d’abord méfié du cinéma sonore. Quatorze juillet est à cet égard composé de très peu de dialogues, ceux-ci auraient pu faire l’objet d’intertitres. Les gags sont essentiellement visuels, et le cinéaste préfère miser sur les jeux de caméra, la belle photo de Georges Périnal et la plasticité des décors de Lazare Meerson, recréant en studio des rues de Paris dans une optique de « réalisme poétique ».
- © Tamasa Distribution
Ce courant des années 30 auquel les historiens du cinéma ont aussi rattaché Renoir, Vigo ou Carné, s’apprécie notamment par la description d’un Paris populaire, avec ses bons (Raymond Cordy) et mauvais garçons (Thomy Bourdelle), ses titis espiègles (Raymond Aimos) ou ses concierges acariâtres (Maximilienne), que le cinéaste filme avec plus d’indulgence que ses bourgeois (Paul Ollivier). On est loin du cinéma de scénariste décrié trente ans plus tard par la Nouvelle Vague : les récits de Clair tiennent avec deux bouts de ficelle et annoncent l’univers décalé de Tati ou Kaurismäki. Si on est également éloigné du « cinéma de la parole » de Pagnol ou Guitry, le travail sur le son est pourtant loin d’être négligé. Un élément a en effet séduit René Clair dans cette technique du parlant : c’est l’usage de la musique comme élément de mise en scène.
- © Tamasa Distribution
Sa collaboration avec Maurice Jaubert est ici exemplaire. La chanson À Paris Dans Chaque Faubourg, refrain fredonné en chœur tout au long du récit, est en harmonie avec cette valse des hésitations amoureuses. Jouant par ailleurs du contraste entre la tentation (la brune Pola Illéry, délicieuse) et la pureté (la blonde Annabella, touchante), entre l’éclairage lumineux des établissements chics et la beauté nocturne des quartiers populaires, René Clair manie les nuances avec une subtilité annonciatrice des rondes sentimentales de Jacques Demy. Face au beau gosse Georges Rigaud, dont la carrière ne décollera pas, Annabella confirma sa popularité et devint la star féminine française numéro un de la période (La bandera), avant un exil hollywoodien.
– National Board of Review, USA 1933 : Top Foreign Films
- © Tamasa Distribution
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